Sélection
(Re)découvrir Louis Malle
Nous vous proposons ici une programmation dédiée à l’œuvre de Louis Malle, figure majeure du cinéma français et international. Louis Malle a traversé les genres, s’illustrant aussi bien dans le cinéma de fiction que dans le cinéma documentaire, tout en développant des réflexions audacieuses sur la société et l’intime.
Dans les années 1950, à Paris, un groupe de jeunes passionnés de cinéma, d’une vingtaine d'années, rêvait de réaliser des films. Certains étudiaient à l'Idhec, d'autres travaillaient comme assistants réalisateurs. Parmi eux se distinguait un quatuor, composé de Alain Cavalier, Jean-Paul Rappeneau, Philippe Collin et Louis Malle, qui aspiraient tous à réaliser leur premier long-métrage. Si tous finirent par y parvenir, c'est Louis Malle qui franchit le premier cette étape, en co-réalisant un film avec Jacques-Yves Cousteau sur les fonds sous-marins, Le Monde du silence, qui décrocha la Palme d'or à Cannes.
Peu après, Malle se retrouve à filmer, la nuit, sur les Champs-Élysées, une jeune actrice prometteuse, Jeanne Moreau. Le 3 octobre 1957, bien avant À bout de souffle de Jean-Luc Godard, Malle et son chef opérateur Henri Decaë réussissent à filmer des scènes urbaines à l’aide d’une voiture d’enfant et de l’éclairage naturel des vitrines. Cette démarche illustre son rôle dans l'émergence de la Nouvelle Vague, à travers ce thriller tendu, sublimé par la musique de Miles Davis.
Son film suivant, Les Amants, présenté au Festival de Venise, renforça son image de cinéaste audacieux, défiant les conventions sociales et cinématographiques avec un récit érotique qui, même aujourd’hui daté, transgressait les normes morales de l’époque.
Louis Malle est souvent perçu comme un cinéaste controversé, avec des œuvres traitant de sujets dérangeants, tels que l'inceste dans Le Souffle au cœur ou la collaboration à la fin de la Seconde Guerre mondiale dans Lacombe Lucien. Toutefois, sa rébellion contre la bourgeoisie, son milieu d’origine, ne doit pas occulter la complexité de son parcours, marqué par une lutte constante entre appartenance et contestation.
L'autobiographie est une constante dans les films de Malle, comme en témoignent les personnages proches de l'auteur, incarnés par Maurice Ronet dans Le Feu follet et Jean-Paul Belmondo dans Le Voleur. Ces films abordent des thèmes tels que le suicide et le désenchantement, des sujets profondément personnels pour Malle. D’autres films, tels que Le Souffle au cœur, Lacombe Lucien et Au revoir, les enfants, dépeignent des récits de perte d’innocence vécus par des enfants et des adolescents confrontés à l'âpreté du monde.
Passionné par les documentaires, Malle s’aventure en Inde en 1967, où il tourne Calcutta et réalise une série télévisée, L’Inde fantôme. Ce voyage marquera le début d’une nouvelle approche documentaire, qui s’étendra de Place de la République, où il filme la France de Giscard avec un cinéma direct, à ses réflexions sur le rêve américain avec À la poursuite du bonheur.
À la fin des années 1970, Malle s’installe aux États-Unis, où il réalise des films engagés sur des sujets comme la prostitution infantile (La Petite) ou les tensions culturelles dans Alamo Bay. Il se distingue également par des œuvres expérimentales telles que My Dinner With André et Vanya, 42nd Street. Malle reviendra en France pour réaliser des films à la fois intimes et populaires comme Au revoir, les enfants et Milou en mai, avant de décéder en 1995. À sa disparition, son œuvre, marquée par la diversité et la provocation, continue d’alimenter la réflexion et de nourrir de nouvelles lectures.
Découvrez ou redécouvrez quelques-unes de ses œuvres incontournables :
- Ascenseur pour l’échafaud (1958), un thriller hypnotique porté par la musique de Miles Davi où l’errance nocturne de Paris se double d’une réflexion sur la peine de mort, alors toujours en vigueur en France.
Zazie dans le métro (1960), une comédie irrévérencieuse et délirante adaptée du roman de Raymond Queneau.
Le souffle au cœur (1971), un regard subversif sur l’adolescence et la famille.
- Black Moon (1975), une fable étrange et onirique qui explore les zones liminales du fantastique.
Atlantic City (1980), une fresque mélancolique où Louis Malle explore l’Amérique des marges.
Au revoir les enfants (1987), un récit poignant inspiré de son enfance durant la Seconde Guerre mondiale.
Cette programmation propose également des incursions singulières dans l’univers documentaire (God’s Country, Calcutta), des comédies d’aventure (Viva Maria), et des fresques intimes comme Milou en mai.
(Re)découvrez dès maintenant en ligne l’œuvre de Louis Malle
Retrouvez la Bibliothèque sur Facebook